Article, Presse Digitale

Bersée : quand l’animateur de la garderie devient l’agresseur

Comme chaque jour au tribunal de Lille, de nombreux dossiers arrivent sur les bureaux des juges et procureurs. Ce jeudi 4 avril, c’est au tour de l’animateur de Bersée de s’expliquer, accusé de plusieurs agressions sexuelles sur mineurs

En France,14,5 % des femmes ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie.
Photo : Sora Shimazaki (Libre de droit : Pexels.com)

À peine âgée de six ans, Fleur* serait déjà victime d’un comportement déplacé de la part de son animateur. Eric M, membre de la garderie de l’école de Bersée, a été convoqué ce jeudi 3 avril pour une potentielle agression sexuelle sur mineur.

Les faits se seraient déroulés dans le village de Bersée en mars 2024. Eric M, alors animateur de la garderie depuis plus de 20 ans, aurait appelé la jeune Fleur, lui promettant « un secret » pour finalement mordiller son oreille. « Il m’a mordue, ça m’a fait mal, c’était tout mouillé, c’était dégoûtant », a expliqué la jeune fille à la psychologue.

Après l’événement, Fleur en parle à la collègue de l’animateur. Malgré un message alertant la mairie, rien ne change, et l’animatrice prévient discrètement les parents qui portent plainte. Plus tard, une autre animatrice apprend que Noélie*, âgée de 10 ans, aurait subi des agissements similaires.

La défense de l’animateur

Dès le début de son audience, Eric M n’hésite pas à réfuter tous ces chefs d’accusations. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir mordu son oreille », explique l’accusé. Une action qu’il ne trouve pas problématique et qu’il s’apparentait à un simple jeu pour occuper l’enfant. « En tant qu’animateur, nous devons occuper les enfants. Mon but était de lui dire un faux secret pour qu’elle le répète à ma collègue. Je lui ai dit ‘’Je vais te manger l’oreille’’ ». D’après son expérience, les enfants « affabulent » et aiment se raconter des histoires. Or, une troisième fille de 10 ans aurait rapporté les mêmes faits, impliquant une autre potentielle victime dans l’affaire.

D’après le témoignage de plusieurs de ses collègues, l’animateur aurait eu un comportement problématique depuis des années, et suivrait un certain mode opératoire : câlins et bisous forcés, demandes pour qu’elles s’assoient sur ses genoux, le tout uniquement sur des filles introverties.

Pour répondre aux critiques et témoignages des collègues de la garderie, le prévenu donne une version des faits bien différente. « Ils veulent se venger », ajoute Eric M lors d’une de ses explications. Selon lui, ceux qui donnent une mauvaise image de lui le font par pure méchanceté, mensonge ou par volonté de se venger de lui.

Une réponse bien différente pour les parents d’élèves

Si les arguments prononcés par Eric M semblaient peu convaincre la justice, certaines preuves montrées lors de l’audience ont contredit la version du prévenu. Photos de l’animateur surveillant la sortie des élèves, vidéos montrant des gestes déplacés et retenant certaines filles, tous ces éléments n’ont pas manqué d’interroger les juges.

Pour les deux avocates des familles de victimes, le comportement d’Eric M peut être considéré comme une agression sexuelle. Cependant, pour l’avocat de la défense, l’absence de répétition des actes sur ces mêmes enfants et le manque de preuve concernant ces morsures ne peuvent pas caractériser l’acte comme une agression sexuelle, mais plus simplement comme une blague douteuse, de mauvais goût censée divertir les enfants.

Le verdict sera rendu le 28 avril à 14 heures, mais le procureur demande deux ans d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire, l’interdiction de contacter les victimes ou encore l’inscription de son nom au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

*Prénoms modifiés

Oscar Depoix